à deux pas d’une étoile.

Sans titre 1

à matyas c.

 

« Je trouve que tu ressembles à une étoile. Ne gâche pas tout. Ne t’éteins pas, sinon le ciel demeurera noir à nouveau, et à tout jamais. Je ne rigole pas. Tu es une étoile, tu brilles tellement fort… » Pas un bonsoir, pas un au revoir. Il avait juste annoncé ça comme une soudaine brise de vent qui vient vous décoiffer puis qui s’enfuit lâchement, comme s’il ne s’était rien passé. Il m’avait appelé, un soir très tard. C’était la toute première fois, mais aussi la dernière, que j’entendais sa voix. Une voix rauque et masculine mais particulièrement douce et chaleureuse. Une voix pleine de sincérité, de gentillesse et d’émotion. Une voix que j’aurais voulu entendre toute ma vie tellement elle était apaisante. Après m’avoir présentée telle une étoile, il a raccroché dans un fin soupir, l’air soulagé.

Je ne connais pas son nom. Lui ne connait pas le mien non plus. Nous avions décidé de rester anonymes alors que nous nous parlions jours et nuits par sms, nous racontant notre dégoût pour la vie que nous vivions. Rester dans l’anonymat était une façon de ne pas se sentir jugé je pense, c’était son idée à lui. J’ai respecté cette demande. De toute façon j’avais besoin de me confier à quelqu’un qui ne pourrait jamais me juger.

Malgré la chance que j’aie eu d’entendre sa voix, lui n’a jamais pu entendre la mienne. J’ai pourtant voulu le rappeler par la suite mais il prétextait qu’il était occupé alors je n’insistais jamais.

Ni lui ni moi ne savions à quoi ressemblait l’autre, ni où il vivait. Nous vivions une amitié purement virtuelle et à mon avis sans avenir.

En tout et pour tout nous avons parlé durant trois bons mois. Hormis son physique, son nom, sa ville et sa famille je connaissais tout de lui et vice versa. J’adorais lui parler, il était un confident parfait, un ami formidable. Puis il a fait son entrée à l’Université et à partir de ce moment je n’ai plus eu de nouvelles.

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Six septembre. Voilà un an et deux jours que mon confident virtuel n’a plus donné de nouvelles de lui. Je dois avouer que je n’ai pas cherché à le joindre non plus même si ça me démangeait de le faire. Je me disais que la fac était plus importante, qu’il n’avait plus besoin de moi. Les gens sont comme les saisons, ils restent un certain temps comme nous les connaissons puis ils changent, encore et encore, se forgeant un caractère en fonction de leur milieu de vie. La fac a certainement dû beaucoup le changer, et la majorité aussi.

Tiens ! En parlant de majorité, qui est-ce qui a eu dix-huit ans il y a quelques semaines ? C’est moi. J’ai eu ma majorité le 23 juillet dernier mais je suis toujours aussi immature et perdue face à la réalité par rapport à avant. Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours eu une vision de la vie bien à moi. Je me pose énormément de questions sur le pourquoi les choses, la société, pourquoi le monde tout entier est comme ça et pas autrement. Je n’aime pas le monde dans lequel je vis, la société est une simple façade du monde immonde dans lequel nous vivons. Quand on y réfléchit, la vie ne se résume qu’à travailler. Le but de la vie c’est ça, étudier quand on est jeune pour avoir un travail plus tard, c’est une routine constante. Travailler d’arrache-pied juste pour finir par mourir comme la vie nous oblige de finir. Moi, je n’ai jamais aimé travailler, rien que les études ça me détruit, et c’était pareil pour mon confident virtuel.

J’aimerais bien avoir une vie complètement à part et ne pas être comme tout le monde, je rêve de voyager, de découvrir ce que la vie a de plus beau à montrer. Mais mon plus grand rêve reste quand même d’être heureuse. Véritablement, constamment et intensément heureuse.

Ça y est, je divague complètement. Mes pensées sont extrêmement tordues quand je marche en écoutant de la musique. Je m’aventure dans les rues mouvementées et ensoleillées de Londres pour rejoindre l’Université de East-London, sur la Gallions Marina. La rentrée a eu lieu hier. Les premières années ont eu droit à la visite de cette énorme enceinte universitaire et même avec cette visite en long, en large et en travers de tout le domaine, je suis sûre que je vais me perdre douée comme je suis. Après trois années de lycée assez difficiles, j’ai quand même eu mon bac et j’ai trouvé une place pour des études en Littérature dans cette université d’East-London. J’espère qu’ici les choses se passeront bien et que je ne revivrais pas le calvaire de la phobie scolaire.

— Lana !

Je sors brusquement de mes pensées dans un petit sursaut, retire mes écouteurs et m’arrête. Je tourne légèrement la tête pour regarder derrière moi et aperçois Victoria, une amie de longue date qui vit dans ma rue et qui se retrouve encore avec moi cette année, courir pour me rejoindre. Elle s’arrête à un mètre de moi et reprend son souffle après sa course.

— T’es partie avant moi, j’en reviens pas, t’es malade ? s’exclame-t-elle très surprise qu’en effet je me sois mise en route pour l’université avant elle.

— C’était tendu à la maison… dis-je en détournant le regard.

— Ah encore… On poursuit la route ensemble ? questionne-t-elle en souriant, comme d’habitude.

J’esquisse un fin sourire en guise de réponse et me remets en route avec Victoria à mes côtés. Sur le chemin nous parlons de tout et de rien et surtout de notre nouvelle vie à l’université. Elle et moi nous nous connaissons depuis des années et malgré qu’on soit très différentes on se comprend bien et on aime un peu les mêmes choses. C’est elle qui m’a conseillé de la suivre dans cette université pour des études en lettre, elle sait que j’ai besoin de son soutien constant après ce que j’ai vécu, et j’ai donc accepté. Après tout, je ne savais pas trop quoi faire de ma vie alors j’ai pris ce qui venait.

— Qu’est-ce qu’il s’est encore passé chez toi ?

Voilà que mademoiselle Victoria Polder se décide à entamer brusquement ce sujet. J’ai, ce qu’on peut appeler, des problèmes familiaux. La relation que j’ai avec ma mère ne va pas du tout, elle me hurle dessus à tout bout de champ et est même parfois violente et ma grande sœur, sept ans mon aînée est toujours en train de se moquer de moi à cause de mes difficultés scolaires. Bref, rien ne va dans ma famille, et je n’en peux plus.

— Comme d’habitude, ma mère s’est foutu de moi et j’ai décidé de partir assez tôt… dis-je en un profond soupir.

— Comment ça elle s’est foutu de toi ?

— Pour elle l’idée de faire des études c’est perdu d’avance pour moi. Pour elle, je vais encore tout arrêter en cours d’année. Enfin, elle est me rabaisse tout le temps, j’en peux plus.

— Ne t’en fait pas, cette année Rose et moi nous serons là, et puis tu vas peut-être te trouver un gentil copain qui t’aidera à tenir !

Encore une fois je lâche un long et profond soupir de désespoir.

— Pour le gentil copain, je ne compte pas là-dessus.

La petite châtain à côté de moi pose ses yeux noisette sur moi, l’air étonné de mes paroles.

— Pourquoi ?

Je lève mes yeux bleus au ciel une courte seconde avant de soupirer, un peu agacé de répondre à sa question.

— Les mecs… Ils s’attachent à moi deux mois puis après ils fuient, alors je préfère plus vivre ça tu vois… Un sourire évidement faux et forcé se dessine sur mes fines lèvres en disant cela tandis que nous pénétrons le domaine universitaire.

— Tu penses à… (Elle détourne le regard et commence à fixer ses pieds qui foulent rapidement le sol.) … Ben ?

Benjamin Sanders. Bah tiens, ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu parler de mon imbécile d’ex. Je reste impassible face à ce nom qui me fait remonter une foule de souvenirs.

— Pas que…

— Pas que ? Mais c’est le seul qui correspond à ce que tu viens de dire… vous êtes restés ensemble deux mois puis après il t’a qui…

Je l’interromps soudainement.

— Je sais. Merci, je connais l’histoire !

Cette histoire. Elle n’a duré que deux courts mois et remonte à maintenant un an et demi environ mais pourtant elle me hante encore. J’y repense souvent. Il y a tellement de chose qui me rappelle cet idiot de rouquin.

— Désolée… Victoria sourit bêtement puis reprend ce qu’elle voulait dire : Tu insinue que ce n’est pas le seul qui t’ais fait un coup comme ça ? Je connais bien tes histoires amoureuses et celle avec Ben est la seule qui corresponde à ce que tu racontes… Il y a eu quelqu’un après lui et tu ne m’as pas mise au courant, c’est ça ? m’interroge-t-elle très intriguée. Toujours aussi curieuse celle-là !

Je m’empourpre sans m’en rendre compte. Subitement je pense à « lui ». Pas à Ben, mais à ce garçon anonyme qui me comparait à une étoile. C’est vrai que même si ce n’était que des messages, je m’étais beaucoup attachée à lui. Il était là quand je n’avais plus personne, il me comprenait vraiment par rapport à tous les autres. Je crois que j’en étais amoureuse.

Un léger frisson me parcourt. Quand j’y repense ça me semble complètement débile. Comment j’aurais pu tomber amoureuse de lui ? Je ne connaissais pas grand-chose de lui, même son nom m’est inconnu alors ça me parait absurde. Et puis de toute façon il m’a fui lui aussi.

 Tu es bien silencieuse… Alors c’est ça ! Il y a eu quelqu’un après Ben et tu m’as rien dit !

Quand je sors de mes pensées et reprends raison, je retrouve Victoria juste devant moi, en train de me regarder fixement dans les yeux, les sourcils froncés en tirant une moue boudeuse.

— Euh… Mais non, y’a eu personne d’autre, qu’est-ce que tu t’imagines ? dis-je en détournant mon regard d’elle et en ayant les joues rougies.

— Pourquoi tu veux rien me dire Lana ?

Je baisse la tête et lâche un fin soupir.

— Il n’y a eu personne après Ben. Vraiment personne.

— C’est louche… Je me souviens qu’après ta rupture avec, quand tu n’allais plus en cours, tu ne me parlais plus trop… Tu parlais forcément à quelqu’un d’autre !

Mes yeux s’écarquillent et je relève la tête d’un coup. Elle s’en rappelle. J’avais l‘habitude de tout raconter à Victoria, elle était un peu ma confidente mais quand « lui » est entré dans ma vie, j’ai mis une certaine distance entre elle et moi sans le vouloir.

— Mais… je… euh… Hey, t’as vu Rose est arrivée !

L’attention de Victoria se pose directement sur la petite voiture rose qui vient de passer devant nous. C’est la voiture de Rose Atkin, une amie à Victoria et moi qui va suivre les mêmes cours que nous.

— Ah oui ! s’exclame-t-elle en souriant avant de reposer son regard sur moi. On en reparle ce midi.

Je déglutis. Elle tient vraiment à savoir. Pourquoi cette histoire refait surface un an après ? Et pourquoi ai-je repensé à lui, moi, comme ça, soudainement ?

— Tu viens Lana ?

Je cligne des yeux à plusieurs reprises, reprenant raison.

— Ah euh… oui, je te suis !

Je ris bêtement puis nous rejoignons Rose qui est garée sur le parking devant l’entrée de l’université. La jeune femme de dix-neuf ans, petite blonde à forte poitrine, sort de sa voiture. Victoria et moi saluons Rose d’une bise amicale avant de nous rendre vers l’entrée du bâtiment principal.

Aujourd’hui si j’ai bien écouté hier, nous avons la réunion d’information avec tous les premières années. Durant la visite d’hier j’ai compris que l’Université de East-London était divisée en deux campus : celui de Stratford et celui, plus récent, de Docklands. Si je me souviens bien, le campus de Docklands est le campus construit au sein même de l’Université en face du London City Airport, tandis que le campus de Stratford est perdu dans les rues du quartier de Stratford.

Victoria, Rose et moi avons choisi de rejoindre toutes les trois le campus de Docklands car il réunit les sections art en plus des sections générales telle que le droit, le littéraire, le scientifique, etc ainsi que les prépas et les BTS. Le campus Stratford quant à lui ne regroupe que les sections générales et puis il est en pleine ville, chose que je n’apprécie pas particulièrement.

— Hier je n’ai pas vu Charli, vous savez dans quel campus elle va ? questionne Rose, intriguée au sujet d’une de nos amies de lycée, Charli Loncaster.

— Elle a choisi Docklands aussi, mais elle était malade hier, elle n’a pas pu venir, répond Victoria qui comme d’habitude sait tout sur tout le monde. Bon, ce n’est pas tout ça mais va peut-être falloir rentrer, on va être séparé dans l’amphi sinon, ce serait horrible ! Seule au beau milieu de plein de gens que je ne connais pas… Je dis ça pour toi Lana, hein.

— Ouais… Je souris nerveusement.

Au moment même où nous nous apprêtons à entrer dans le bâtiment, une voix masculine qui m’est étrangement familière interpelle Victoria.

— Hey, Vic !

L’interpellée, Rose et moi nous retournons pour voir la personne qui veut attirer l’attention de mademoiselle Polder. Un sourire idiot mais adorable, des taches de rousseur, le teint pâle, des cheveux d’un roux flamboyant, des yeux bleus d’un clair semblable à de l’eau… Voilà les choses qui me sautent aux yeux quand mon regard se porte sur ce garçon roux, assez jeune, grand et mince. Mes yeux s’écarquillent pendant que Victoria salue le garçon, l’air un peu gênée.

— Hey, Ben… Tu vas bien ?

Bordel. Mais qu’est-ce qu’il fabrique ici celui-là ? C’est une blague. Pas lui ! Pas ici ! Pas comme ça.

— Ça va très bien.

Le regard du rouquin se pose sur moi. Il n’a pas dû directement me reconnaitre.

— Lana… ?

Mes yeux sont encore grands ouverts. Je le fixe en étant figée. Je ne bouge pas. J’essaye de dire quelque chose mais rien ne sort. Tellement de souvenirs me reviennent en plein face, là, d’un coup, aussi brutalement que si on me tirait dessus d’un coup de revolver. Mais bon sang, pourquoi il est là cet abruti ?

— Rose… Je crois qu’on devrait les laisser, annonce Victoria en tirant Rose par le bras pour l’emmener à l’intérieur. Tardez pas trop, on vous réserve des places !

J’arrive enfin à retrouver l’usage de mon corps après cette absence totale de mouvement. Je regarde mes deux amies qui prennent la fuite, me laissant seule à seul avec ce grand rouquin d’un mètre quatre-vingt. Non… me laissez pas seule avec lui !

— Je t’ai connu plus bavarde, Lana.

Je pose mon regard sur le jeune homme. Inconsciemment mon visage se ferme. Je fronce les sourcils et le scrute attentivement. Il y a quelque chose qui a changé chez lui. Il a l’air tellement plus sûr de lui, tellement plus mature. Ça, ce n’est plus du tout le Ben que j’ai connu.

Il soupire. Il a l’air agacé. Ça par contre j’ai déjà connu. Il a un don pour paraitre saoulé de tout, c’est assez décourageant.

— Encore en train de soupirer, Ben.

— Ah… Pardon, j’ai pas remarqué.

Il lâche un rire bête et nerveux tout en souriant. Les traits de mon visage se détendent miraculeusement en voyant ça. Finalement il n’a peut-être pas tant changé que ça.

— Je peux savoir ce que tu fiches ici ? Tu viens visiter ?

— Non, je viens étudier. Quelle question… Encore une fois il soupire sans s’en rendre compte. Je sens bien qu’il est désespéré de moi.

Je fronce les sourcils.

— T’es pas censé être en Terminale cette année ?

Il s’approche un peu plus de moi et attrape une mèche de mes cheveux blonds. Je le laisse faire, intriguée. Qu’est-ce qu’il me fait là ?

— Tes cheveux ont bien poussé depuis le temps… Je t’ai dit que je les adorais long et tu ne les as pas coupés.

Je déglutis. C’est vrai que depuis un an et demi je n’ai pas coupé mes cheveux et ils m’arrivent presqu’aux fesses alors qu’à l’époque ils m’arrivaient à peine au milieu du dos. Ben m’avait dit qu’il ne voulait pas que je les coupe, je m’en souviens bien.

— Mais à quoi tu joues ?! dis-je en reculant brusquement de lui, lui faisant lâcher ma mèche de cheveux.

— Calmes-toi, j’ai rien fait. Je remarque juste. (Il hausse un sourcil, l’air blasé.) Sinon pour ta question précédente… J’ai eu mon bac l’année dernière, en gros j’ai sauté une classe. Cette année j’entre donc prépa scientifique ici pour devenir ingénieur spatial.

J’écarquille les yeux une courte seconde. Alors là ! Je savais qu’il était intelligent mais au point de sauter une classe au lycée, faut vraiment le faire. Décidément il trouvera toujours le moyen de m’étonner.

— T’es toujours sur tes projets d’ingénieur spatial alors…

— Et oui. (Il sourit gentiment avant de rejoindre l’intérieur du bâtiment.) Tu viens ? Je préfère pas être en retard.

J’acquiesce simplement et suis le grand rouquin. Etrangement galant, il me tient la porte puis la referme une fois que je suis entrée.

Il reprend :

— Et toi, tu fais quoi ici ?

— Euh…

Je le regarde un peu étonnée. Ça me fait vraiment bizarre qu’il s’intéresse à moi. C’est un Ben très différent que je découvre.

— …Je vais étudier la littérature avec Victoria, Charli et Rose… Rien de bien intéressant.

— Tu es toujours aussi perdue pour ton avenir…

— C’est le cas de le dire…

Je lâche un soupir des plus triste. Ben, pour sa vie future, du côté professionnel il a tout prévu. Je l’admire beaucoup. Depuis que je le connais je suis très admirative. Il sait exactement ce qu’il veut faire, il travaille dur pour réussir, il a une vie tranquille, il fait plein de chose, il a beaucoup de passions, alors que moi… c’est totalement l’inverse.

Nous montons un escalier qui mène à l’étage où il y a l’amphi où se passe la réunion. Je regarde Ben du coin de l’œil. Il y a vraiment quelque chose qui a changé chez lui. Sa façon de se tenir, sa démarche… Ce ne sont plus les mêmes qu’il y a un an et demi. Il est devenu tellement classe.

Nous rentrons dans l’amphi. A ma grande surprise il n’est pas encore plein. Apparemment les premières années de l’Université de East-London se sont plus dirigées vers le campus de Stratford que celui de Docklands, tant mieux ! Je scrute l’amphi tout entier à la recherche de Rose et Victoria. Je les trouve rapidement, elles sont avec Charli dans le fond de l’amphi. Je commence à monter quelques marches de l’escalier puis m’arrête et me tourne vers Ben.

— Euh… Tu veux venir avec nous ?

— J’attendais que tu me le proposes !

Il me sourit de toutes ses dents et je ne peux m’empêcher de lui sourire en retour.

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Je haïssais sa façon de me parler, et le son de sa voix. Je haïssais son odeur, et la douceur de sa peau. Je haïssais sa façon de me regarder, et la couleur de ses yeux. Je haïssais la manière dont il me souriait, et la couleur de ses cheveux. Je haïssais la façon dont sa main venait caresser ma joue, et cette manière qu’il avait de m’embrasser. Je haïssais cette manie qu’il avait de me chatouiller, et de me prendre dans ses bras. Je haïssais qu’il manipule mon cœur. Je haïssais ce qu’il devinait en moi, et cette façon qu’il avait de me faire craquer. Je haïssais sa façon d’avoir raison, ses histoires, sa vie parfaite. Je le haïssais quand il me faisait rire, davantage quand il me faisait pleurer. Je le haïssais quand il n’était plus là et qu’il était dans les bras d’une autre. J’avais une telle haine envers Ben cette dernière année et demie, et là, maintenant que je le revois, j’ai l’impression que toute cette haine s’est évaporée. Elle a disparu si précipitamment que ça me fait peur. En un sourire je lui ai pardonné toutes ses fautes et je pense que lui a fait de même. On a rayé le passé d’un violent coup de gomme alors qu’on avait écrit une histoire en appuyant bien pour avoir du mal à l’effacer. Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé, toute la rancœur que nous avions l’un envers l’autre semble inexistante à présent.

— Mademoiselle Hornlund ! Si vous préférez rêvasser, je vous prie, vous pouvez sortir.

Je sursaute à l’entente de mon nom de famille suivis de ce rappel à l’ordre par le professeur. Nous sommes le cinq septembre, il est un peu plus de dix heures et Rose, Victoria, Charli et moi, ainsi qu’une quarantaine d’autres étudiants, sommes en cours de Langues et Littérature Européenne. C’est notre premier cours de l’année et c’est la seconde fois que je me fais remarquer. Bravo Lana. Les regards de tous les étudiants de la salle se posent sur moi. Je m’empourpre de honte.

— Excusez-moi… Je baisse les yeux et regarde mon bloc-notes. Je n’ai rien écrit. La première page est encore vierge alors que celles de mes amies sont déjà complètes.

Le professeur poursuit son cours et l’attention se détourne de moi, sauf celle de Charli, qui est assise à côté de moi. La grande fille aux longs cheveux châtains et aux yeux verts me regarde avec discrétion pour ne pas se faire remarquer par le professeur.

— On peut savoir ce que tu nous fais ? C’est le premier cours et tu es déjà dans la lune… Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Rien… Tout va bien. Je suis juste un peu… dépassée par les évènements…

— Je comprends… Evite quand même de te faire remarquer, me dit-elle en souriant avant de se replonger dans le cours. Tous ce qui touche à la littérature elle adore, c’est sa grande passion.

Je tente aussi de me concentrer sur ce que raconte le prof mais j’ai vraiment trop de mal. Tout comme cette nuit, je repense à certains moments que j’ai passé avec Ben il y a presque deux ans. Depuis hier je ne l’ai pas croisé. Je ne sais pas où les prépas font cours, il y a tellement de bâtiments pour les cours ici. Je sais où se trouve les résidences étudiants mais pour le reste du campus, je suis larguée.

 

Les deux heures de Langues et Littérature Européenne sont terminées et Victoria, Charli, Rose sommes assises sur la pelouse devant le bâtiment où nous venons d’avoir cours. Il est onze heures et demie et nous venons de passer à la cafétéria du campus pour prendre deux-trois bricoles à manger. Vu que nous sommes en début septembre, nous avons la chance d’avoir encore du soleil. C’est pour ça que nous déjeunons dehors, face à la vue de la Gallions Marina et de l’aéroport.

— C’est abusé comment dès la rentrée ils nous mettent la pression ici… déclare Charli dans un léger soupir tout en entamant son sandwich.

— On a cent jours… ça devrait aller je pense, répond Victoria, l’air confiante.

—Fallait t’y attendre Charli, on est peut-être plus au lycée mais il y aura toujours des examens.

La grande châtain regarde Rose.

— Je sais mais quand même, là c’est un examen éliminatoire…

J’écoute les trois filles parler sans vraiment comprendre de quoi elles discutent.

— C’est quoi votre histoire d’examen éliminatoire là ?

Leurs regards se posent sur moi, elles ont l’air étonné de ma question. Victoria soupire, désespérée.

— Décidemment t’as rien écouté du cours toi…

Je baisse les yeux. C’est vrai. J’ai pourtant essayé par tous les moyens d’un tant soit peu faire attention au cours mais Ben était mon principal sujet de concentration. Il va me hanter jusqu’à la mort celui-là…

— Désolée… J’avoue que je n’ai pas écouté grand-chose… Je ris nerveusement.

— Tu vas jamais t’en sortir si tu continues comme ça Lana… Qu’est-ce qu’il y a pour que tu sois aussi déconnectée de la réalité ?

Je lève les yeux et fixe Victoria. Je ne peux pas lui dire que c’est le retour de Ben dans ma vie qui me dans cet état.

— Bah rien… ça me fait juste bizarre d’être ici. Faut le temps que je m’habitue, ça ira mieux dans quelques temps ! Je souris faussement sachant bien que m’habituer à la présence de Ben va me prendre beaucoup de temps.

Charli se joint à la conversation entre Victoria et moi :

— Ne tarde pas trop à prendre tes marques, dans cent jours on a le premier gros examen de l’année… dit-elle un peu inquiète pour moi.

— T’inquiètes, ça va aller, je vais m’en sortir à cet examen ! Mais pourquoi tu as parlé d’examen éliminatoire ?

— Le prof a dit que le nombre d’étudiants en étude de Lettres est trop important cette année ici, avec cet examen ils vont évaluer le niveau de chacun et ceux qui ont malheureusement de mauvais résultats seront redirigés dans une autre section…

Ma canette de Pepsi que j’allais ouvrir à ce moment me glisse des mains tandis que mes yeux s’écarquillent. Je suis fichue. Complètement fichue. D’ici cent jours, je ne serais toujours pas assez concentrée pour suivre correctement les cours. Je vais être redirigée, c’est obligé.

— Lana… (Victoria pose sa main sur mon épaule en me souriant.) On va t’aider, ne t’en fait pas !

Rose et Charli me sourient. Je leur souris faiblement, pas vraiment rassurée. Je vais plus être un poids gênant qu’autre chose dans cette histoire.

Je récupère ma canette de Pepsi précédemment tombée par terre et l’ouvre avec prudence. J’en bois une gorgée que je recrache presque quand une main se pose sur mon épaule et que j’entends qu’on me chuchote un « coucou » limite sensuel à l’oreille.

Je lâche un petit cri étrange tout en sursautant. Quand je tourne ma tête vers la personne qui vient de me surprendre, je me retrouve nez à nez avec Ben. Dans un brusque mouvement de recul, je tombe à la renverse et me retrouve allongée sur l’herbe. J’ai l’air bien bon sang…

— Bah alors Lana, tu ne tiens plus debout ? Le rouquin se met à rire, se fichant de moi.

Je fronce les sourcils et à mon grand étonnement le garçon me tend sa main pour m’aider à me relever.

Nous nous regardons longuement dans les yeux, en rougissant, moi plus intensément que lui. Je lui attrape la main et me relève avec son aide.

Merci… dis-je en lâchant violemment la main de Ben une fois debout. Je me rassois dans l’herbe à côté de Rose, Victoria et Charli que me regardent étrangement. Elles ne disent pas un mot.

Toujours aussi charmante dites-moi. Le voilà qui soupire.

— Je t’ai dit merci, tu veux quoi de plus ? Je réponds sans même le regarder.

Le grand rouquin s’assoit à mes côtés, à son aise. Encore une fois je suis à deux doigts de recracher ma boisson dont je viens juste de boire une gorgée.

— Ben… Je peux savoir ce que tu nous veux… ? questionne Victoria qui arrive enfin à dire quelque chose.

— Oh… Hey salut Vic ! Cet idiot sourit bêtement à la petite châtain qui est assise à son opposée. Je n’avais pas vu que c’était toi.

Victoria hausse un sourcil. Elle fixe Ben d’un air ahuri avant de lui lancer son paquet de chips dans la figure, énervée.

— Suis-je aussi peu remarquable pour toi saleté de roux ?!

Ben se prend le paquet en plein visage, je ne peux m’empêcher d’éclater de rire. Rose et Charli restent calmes, elles sont un peu blasées de la situation. Elles ne connaissent que très peu Ben et doivent sans doute se demander ce qu’il fait à traîner avec nous.

— Tu veux la guerre Polder ?!

— Amènes-toi Sanders ! Victoria se met à rire tandis que Ben lui renvoie ses chips, gentiment, qu’elle réceptionne facilement. Tu veux quoi en fait ?

— Je voulais voir Lana.

Je m’interromps soudainement de rire quand mon regard se pose sur le rouquin après qu’il ait dit ça.

— Bah…Tu m’as vu, tu peux partir.

— T’as fini d’être aussi désagréable ? J’ai besoin de toi pour mes cours…

Charli intervient :

— Ben… Lana a déjà beaucoup à faire pour ses propres cours alors il ne vaut mieux pas que tu lui demandes de l’aide pour les tiens…

Il lève ses doux yeux clairs vers la grande châtain qui parle timidement.

— Si tu connais quelqu’un d’autre qui sait aussi bien dessiner qu’elle, tu me fais signe alors… dit-il dans un fin soupir en se levant.

— T’as besoin de moi pour… dessiner ? Mais vous foutez quoi en prépa scientifique sérieusement ? Je hausse un sourcil, blasée sur ce coup là.

Le garçon vient plaquer une de ses mains sur son front.

— Décidément tu es toujours aussi bête.

Je le fixe avec de grands yeux. Il reprend :

— Bref. Je ne sais pas si tu te souviens mais à l’époque où nous étions ensemble je me suis mis à dessiner vu que pour être ingénieur spatial il faut un certain talent d’architecte.

Je bois une gorgée de ma boisson tout en regardant ce grand garçon.

— Euh… Si, je me souviens. Je me souviens aussi que tes dessins n’étaient pas vraiment géniaux.

— Mon niveau n’a pas vraiment augmenté depuis ce temps… dit-il en regardant ailleurs, l’air adorablement gêné.

— Ça ne m’étonne pas. Je t’aiderai.

Il repose subitement son regard sur moi, les yeux grands ouverts.

— C’est vrai ?

— Si je te le dis… Je soupire. Bordel, dans quoi je me lance encore ?!

— Génial, merci Lana ! Il me fait son grand sourire qu’il avait l’habitude de faire à chaque fois qu’il me voyait après plusieurs jours sans se voir. Enfin… il a dû le faire à beaucoup d’autres filles avant moi, et après moi. Et oui, il a beau être roux et geek, il a du charme, je ne peux pas le nier.

Je ne dis rien et lui souris nerveusement. Dans quelle merde je me suis encore fourrée bon sang ?

Bon, j’étais passé pour ça. J’y retourne, à plus les filles ! Il tourne les talons et se met à courir pour rejoindre un petit groupe de garçon devant le bâtiment. Monsieur Sanders qui était encore tout seul hier s’est fait beaucoup d’ami à ce que je vois. C’est bien lui ça, il s’adapte à toutes situations.

Lana putain !

Mon attention se porte sur Victoria qui me regarde avec une intense envie de meurtre.

— Qu…Quoi ? Je lui souris nerveusement, ayant un peu peur de sa tête sur le moment.

— Mais bon sang, t’es conne ou tu le fais exprès ?! Ce mec, à qui t’as dit oui pour l’aider, c’est ton ex ! Ton ex, Ben, ce connard qui t’a fait pleurer pendant un mois quand il est retourné avec son ex sans te donner d’explication !

Ma gorge se noue.

— Mais… il ne m’a pas fait pleurer pendant un mois, une semaine tout au plus… Puis c’est pour ses cours !

Encore une fois Charli intervient, calmement :

— Mais toi aussi tu as des cours à gérer… tu ne peux pas te permettre de t’intéresser aux cours des autres…

— Ne t’inquiètes pas Charli, je vais m’arranger. Il ne va pas me solliciter tous les jours non plus, j’aurais du temps pour rattraper correctement les cours où je n’aurais pas été attentive.

— J’espère pour toi…  me sourit-elle faiblement.

Victoria me regarde toujours les sourcils froncés. Elle sait pertinemment que c’est une très mauvaise idée ce que je fais. Et puis, pendant ce temps il y a Rose qui se fiche royalement de ce qu’il se passe à présent, elle est sur son portable, en train de parler à son copain je suppose.

Victoria reprend :

— Avoue, tu l’aimes encore cet abruti, c’est ça ?

Je baisse les yeux, ne sachant pas quoi répondre. Au fond de moi je ressens encore quelque chose pour lui, mais ce n’est pas de l’amour, c’est plutôt de l’admiration. Oui, c’est ça, je l’admire pour toute sa détermination et sa motivation.

— Non, je suis admirative, et je veux l’aider.

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Quand je rentre enfin chez moi, il est un peu plus de seize heures. De midi et demi à quinze heures trente nous avons eu cours de philosophie bien corsé, je n’ai pas compris un traître mot. Je dois avouer que j’avais encore Ben dans la tête mais surtout cette histoire d’examen éliminatoire. Je ne suis tellement pas motivé pour les cours qu’obligatoirement je vais le rater et évidement je vais me faire rediriger je ne sais où… Etre redirigé vers je ne sais quelle section me fait vraiment flipper. Je ne veux pas me retrouver seule sans Victoria, Charli et Rose.

Mon sac de cours s’écrase par terre et moi je m’écroule sur mon lit. Quelle journée. Mais quelle journée ! On n’a peut-être pas beaucoup d’heures de cours mais bordel ce que c’est crevant quand même. Ou c’est peut-être Ben qui m’épuise… Un peu des deux en fait.

 

 

Après avoir dormi trois petites heures et mangé dans un silence religieux avec ma mère, je remonte dans ma chambre et me jette sur mon lit. Mon écran vient de s’allumer, j’ai un message. Qui ça peut être à cette heure ? Je n’ai plus trop l’habitude d’en recevoir dans la soirée.

Je déverrouille mon portable et tombe sur un message d’un numéro inconnu à mes contacts mais je le reconnais. C’est celui de Ben.

 

Inconnu : Salut toi !

 

Je lui réponds ou pas ? Allez, pourquoi ne pas tenter. De quoi puis-je avoir peur de toute façon, ce n’est que mon ex. Je le connais bien.

 

Lana : Ben ?

 

Il me répond dans la minute, ce qui me surprend. Avant il avait la fâcheuse habitude de se faire désirer par message.

 

Ben : T’as encore mon num?? Ça m’étonne…

Lana : Non je l’avais plus mais je t’ai reconnu.

Lana : Bref, ça va sinon ?

 

Les messages s’arrêtent là pour le moment. Il est vingt heures passé, si je me souviens bien c’est l’heure à laquelle il mange avec sa famille.

Voilà que je commence à m’ennuyer. Je ne sais pas ce qu’il faut réviser pour l’examen éliminatoire alors je ne vois pas ce que je peux faire pour passer le temps. Puis, même si je savais quoi réviser je ne le ferais pas, je n’ai pas la motivation. En fait, ça peut être bien que je sois redirigée dans une autre section, je ne pense pas avoir un bon niveau et surtout la motivation nécessaire pour la fac de Lettres. Ma tête commence à me faire mal. Voilà ce qui arrive quand je me mets à trop réfléchir. Je déteste me prendre la tête, je suis un cas désespéré et ça ne changera jamais.

Je fouille dans mes contacts. A qui est-ce que ça fait longtemps que je n’ai pas pris de nouvelles ? A décidément beaucoup de gens. Des amis du lycée, des amis du collège, des ex… et à « Jumeau » qui n’est autre que ce mystérieux garçon inconnu à qui je racontais ma vie. Je l’ai nommé « Jumeau » car on se comprenait vraiment bien lui et moi. Je ne sais pas, ça m’est venu comme ça.

Je devrais tenter de lui reparler mais je ne pense pas qu’il me répondra si je lui envoyai un message. Et s’il avait changé de numéro ? Bon. Qui ne tente rien n’a rien. Je décide de lui envoyer un message, un peu étrange. Une question qui pourrait le rendre perplexe, intrigué. Une question juste bizarre.

 

Lana : Qu’est-ce que tu ferais s’il ne te restait que cent jours à vivre ?

 

D’où ça sort ça ? Qu’est-ce que ça signifie ? J’avais prévenu, c’est une question bizarre. Mais en fin de compte elle résume juste le fait qu’il me reste cent jours avant ce fichu examen. Ce dernier représente un peu la mort dans mon esprit.

En attendant une réponse d’un des deux garçons, je vais discuter avec Victoria.

 

Lana : T’as donné mon numéro à Ben ? Il est venu me parler…

Victoria : Non, on s’est un peu parlé mais il m’a pas demandé ton numéro

 

Alors cet idiot a gardé mon numéro après tout ce temps ? Je n’aurais pas cru. Moi dès le lendemain de notre rupture j’ai supprimé son numéro, son Snapchat, son Skype et tout ce qui me liait à lui.

 

Victoria : Au fait Lana, on n’a toujours pas parlé de ce qu’il s’est passé hier !

 

De quoi est-ce qu’elle parle ? J’étais à deux doigts de lui répondre quand mon portable vibre entre mes mains.

 

Jumeau : Pourquoi cette question ? C’est ton cas… ?

 

Mes yeux s’écarquillent. Après un an sans nouvelles il répond. C’est un message de « Jumeau ». C’est drôle, il n’a pas l’air d’avoir supprimé mon numéro. Il n’a pas non plus l’air de m’avoir oublié. Et bizarrement il semble inquiet. Enfin, ce n’est qu’une impression.

 

Lana : Oui, on va dire ça…

Jumeau :

 

Mince, quelles bêtises ai-je encore dite pour qu’il réponde juste ça ? Je soupire. Peut-être qu’il n’a pas envie de me reparler en fait. Je le comprends, je suis d’un chiant parfois…

Mon portable vivre. Un message de lui.

 

Jumeau : Je pensais que tu t’étais retirée cette idée de la tête…

J’ai cent jours pour te faire changer d’avis alors !

 

Je relis le message plusieurs fois. Je ne comprends pas où il veut en venir là.

 

Lana : Euh… Mais de quoi tu parles ?

Jumeau : De ton idée de suicide… ?

Lana : Ah mais non !

J’ai juste un gros examen dans cent jours haha…

Jumeau : Tu m’as fait peur !

Lana : Désolée !

Je pensais pas que tu allais me répondre,

ou même que tu avais encore mon numéro…

Jumeau : Bah si 🙂

Lana : Ça fait bizarre de te reparler après tout ce temps…

Jumeau : Un an et trois jours… ♥

 

Je souris bêtement en voyant son message. Il se souvient de tout alors… Ça fait plaisir.

Alors qu’il est presque une heure du matin, nous nous parlons encore lui et moi. Il m’a expliqué que du fait que j’avais repris les cours à la rentrée dernière il avait préféré me laisser tranquille, pensant que c’était un choix judicieux pour nous deux. Personnellement je crois qu’il a autre chose là-dessous mais bon j’ai préféré ne pas trop le questionner.

Nous parlons de tout et de rien, comme auparavant. Ça fait vraiment du bien de lui reparler, mais avec tout ça j’en ai complètement oublié Victoria et Ben.

 

 

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